Alfred Hitchcock : shadow of a doubt (1943)

Sans doute l’un des Hitchcock les plus inquiétants et Joseph Cotten, deux ans après « Citizen Kane » y est pour quelque chose, dans ce rôle d’assassin « métaphysique » qui assassine de riches veuves par haine des femmes : certains hommes sont ainsi parce qu’ils en restent à cette idée d’un monde créé par « Dieu », un monde qui devrait donc être parfaitement juste et ne pas comporter ce qu’ils pensent être une injustice en faveur des femmes, qui se bornent à attendre que l’homme fasse sa cour et peuvent alors le juger et le disqualifier dans son être même: ils s’estiment alors en droit de réparer cette « injustice » en vivant des femmes (proxénétisme, assassins à la Landru), ils ne comprennent pas que cette « injustice » du plan vital n’en est pas une, que le monde est tout simplement comme ça (ce qui donne la valeur est ailleurs que dans le plan vital, hors du monde, sur le plan spirituel) et qu’ils pourraient, hommes comme femmes, saisir cette occasion de s’améliorer moralement et spirituellement en privilégiant l’union d’esprit à esprit par rapport à la pure et simple fornication, qui de surcroît pour ce genre d’hommes ne vise même pas le plaisir , mais l’agrandissement du « tableau de chasse »! D’ailleurs je suspecte fortement que l’attrait de l’islam chez certains hommes européens s’explique par un ressentiment fondamental de cet ordre là envers les femmes…

Grothendieck disait quelque chose sur ce thème, il me semble que c’était vers 1970, la période « morale »où il a tout plaqué pour ne pas travailler sur crédits militaires.. Il disait que désormais il ne voulait plus avoir d’aventures avec une femme sans la connaîtrez ans son être le plus profond. Apres tout peut être renouait il ainsi avec l’intuition fondamentale de la langue hébraïque, biblique, ou le même verbe (ידע) signifie  « connaître » et  » avoir un rapport sexuel avec ».. Preuve que la mathématique, loin « d’épaissir le cuir » comme il le disait sous forme de boutade, amélioré moralement et spirituellement…

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/L%27Ombre_d%27un_doute

Le film (est non pas seulement le traiter) est visible ici en anglais non sous titré:

http://www.dailymotion.com/video/x4rxyiw_trailer-shadow-of-a-doubt_shortfilms
Le personnage de cette adolescente, jouée par Teresa Wright, fascinée par son oncle parce qu’elle sent qu’il est, comme elle, profondément différent (en lutte contre le plan vital dont l’universalisme se résume au sexe et à la génération, mais en lutte de la mauvaise façon, par le meurtre et la violence qui est justement le propre du plan vital). C’est à dire que, par ces ombres de soupçon, elle commence à comprendre que tenter de s’élever au dessus du plan vital, c’est à dire au dessus de l’humanité commune, n’est pas sans dangers terribles …

A propos de ce blog: plan vital et plan spirituel en leur dualité qui est l’Ouvert


Voici d’ailleurs ce que dit Hitchcock du terrible personnage de Joseph Cotten : Charlie Oakley (nom commun à l’oncle assassin et à sa nièce qui sera à l’origine de sa mort à la fin):

« C’est un assassin idéaliste. Il fait partie de ces tueurs qui sentent en eux une mission de destruction. Peut-être les veuves méritaient-elles ce qui leur est arrivé, mais ça n’était pas son boulot de le faire. Un jugement moral est porté dans le film, n’est-ce pas, puisque Cotten est détruit à la fin, même accidentellement, par sa nièce ? Cela revient à dire que tous les méchants ne sont pas noirs et que tous les héros ne sont pas blancs. Il y a des gris partout. L’oncle Charlie aimait beaucoup sa nièce mais toutefois pas autant qu’elle l’aimait. Mais elle a dû le détruire car n’oublions pas qu’Oscar Wilde a dit : « On tue ce que l’on aime. » » »

Cette « mission de destruction » cela consiste à détruire le plan vital des générations humaine successives, et c’est bien proche de la mission que s’arroge Satan dans le Faust :

« Je suis celui qui toujours nie « 


Je ne crois pas qu’Hitchcock dit juste au sujet de l’oncle et de la nièce, qui ont le même prénom Charlie: le « gris » dont il parle (mélange du Bien et du Mal , du spirituel et du vital) a beaucoup à voir avec Freud mais fort peu avec la Science et le véritable idéalisme: au fond Hitchcock n’était qu’un  cinéaste (génial certes) bourgeois et au service du Système-Gestell (Hollywood, le « matérialisme démocratique ») , cela se vérifie dans « North  by Northwest » , film techniquement génial, surtout grâce à la musique de Bernard Herrmann, comme « Psycho »:

https://youtu.be/wKVjVrk3iL4


Il ne peut pas y avoir de « gris » (de compromission) entre plan vital et plan spirituel, et Hitchcock, en  confondant le ressentiment de l’assassin envers les femmes (ressentiment qu’Hitchcock partageait me semble t’il) avec un « jugement moral » (de mon temps, on ne donnait pas de leçons de morale par strangulation, ou alors à « C’est mon choix ») montre qu’il ne comprend rien à l’enjeu métaphysique du film, tout en s’en doutant (ce film n’était pas son préféré pour rien)



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